Ce travail de recherche, mené depuis une place de clinicien, à partir d'une pratique de psychologue au sein d'un Service Départemental d'Incendie et de Secours, vise à comprendre l'appétence traumatophilique des sapeurs-pompiers, et comment celle-ci s'articule avec les enjeux métadéfensifs et structurants d'une culture institutionnelle façonnée par un imaginaire héroïque. La méthode, en s'appuyant sur une métapsychologie psychanalytique des ensembles plurisubjectifs, s'est également constituée à partir du témoignage du chercheur, puisant dans sa propre expérience passée en qualité de sapeur-pompier. Ce dispositif méthodologique d'écriture occasionne une réflexion épistémologique qui interroge l'exploration du vécu à l'aune de la psychanalyse, de la phénoménologie et de la littérature. Le phénomène de traumatophilie est étudié à partir de la métapsychologie du rêve dans ses dimensions intra, inter et transsubjectives. Cette thèse soutient que l'appartenance institutionnelle restaure des achoppements dans le processus de filiation des sujets, et que la dynamique traumatophile témoignerait d'une modalité de subjectivation en passage par l'acte. Les sapeurs-pompiers tenteraient ainsi de symboliser des zones archaïques et/ou traumatiques de leur psychisme sur les scènes d'intervention, en appui sur l'institution et son imaginaire. Il s'agira également d'explorer la part de négativité d'un tel « dispositif institutionnel traumatophile », qui s'actualise dans des figures du mal, et de penser, à partir des propositions théoriques, les modalités de prise en charge du traumatisme articulées à la culture institutionnelle et à ses sujets, en tenant compte de la posture singulière du psychologue, lui-même membre de l'institution.